Adieu le théâtre et le cinéma...

Le théâtre est la mise en scène d’un texte de façon poétique, le jeu peu donc être interprété comme le souhaite les metteurs en scène, avec réalisme ou non contrairement au cinéma qui cherche à respecter la réalité et faire évader les spectateurs dans le plus profond imaginaire.

Entre le théâtre et le cinéma:

Le cinéma et le numérique

À l’image de notre société actuelle, le cinéma se dirige doucement mais sûrement vers la plus grande révolution de son histoire. Le cinéma du XXe siècle fut accueilli dans le même but que le théâtre c’est à dire divertir et faire passer des idées.  Mais contrairement au théâtre, on peut toujours recommencer la scène qui ne convient pas et montrer la même représentation au monde entier. Le cinéma possède divers plans, des mouvements de caméra, des effets spéciaux dont on abuse de plus en plus, des décors sont plus variés, plus réalistes, il y a une musique qui participe aux effets produits pour raconter un récit.

Il arrive qu’une seule prestation d’un acteur suffise à assurer la réussite commerciale d’un film en poussant les spectateurs à se déplacer dans les salles de cinéma. Bien que l’acteur soit important, la réussite de licences comme de certains grands films survient surtout grâce à leurs personnages charismatiques et leurs scénarios. Dans cette optique, il pourrait être légitime de penser qu’un comédien fictif et numérique puisse intéresser les réalisateurs tout en offrant une attractivité semblable sur le long terme. Finalement l’important est-il le traitement fait à l’acteur ou l’acteur lui-même ?

Adieu Brad Pitt, Jean Dujardin et Lee Jong Suk ?
« Si l’acteur venait à se dématérialiser, cela permettrait également aux producteurs de bénéficier d’une plus grande souplesse dans la réalisation de leurs films. Ce qui manquerait dans les films seraient la personnalité propre de l’acteur et ses improvisations surprenantes, humaines et justes. Depuis sa création, dans les années 1890, il est guidé par des avancées techniques majeures qui ont permis le passage du noir et blanc à la couleur, du muet au parlant ou encore de la 2D à la 3D. Avec l’amélioration exponentielle de la high-tech, difficile d’imaginer le cinéma ne pas suivre cette tendance. »

Le digital occupe un espace de plus en plus important dans le processus de conception d’un film car il offre une souplesse et un gain de temps et une évidence lorsqu’on parle d’effets spéciaux ou de création d’environnements artificiels. La majorité des réalisateurs se tournent vers lui grâce aux nombreuses solutions qu’il propose. Jusqu’ici, le comédien est très peu touché par le phénomène, mais les choses pourraient changer.

Plus efficace de nos jours, la reproduction d’une copie numérique laisse sans voix tant elle est maitrisée. Elle reste malgré tout sous-utilisée à cause de sa complexité à mettre en œuvre. Il est possible d’imaginer l’exploit de produire des acteurs numériques et fictifs à partir de sa simple créativité.


Actuellement, le procédé de création d’un acteur numérique se repose sur l’acteur lui-même. Équipé de plusieurs capteurs, le moindre de ses mouvements est enregistré et retranscrit virtuellement. C’est ce qui permet ensuite de reproduire, par exemple, les expressions d’un visage ou encore de donner vie à un personnage imaginaire. Elle peut aussi se passer de la disposition de la lumière ou de l’environnement. Mais il reste encore du chemin dans le traitement des informations qui requière un savoir-faire complexe et du temps. Reproduire un humain et ses réactions reste probablement le plus gros défi VFX de ces prochaines années.

Le Deep learning en récoltant des millions de données références nous permettrait d’être capables de répertorier n’importe quel mouvement humain. Il serait par exemple possible d’analyser les émotions d’un visage ou encore les mouvements et les positions du corps et ainsi en faire la reproduction sans difficultés. Il en serait de même pour les micros expressions du visage ou les gestes propres à un acteur particulier. Le recréer numériquement pourrait alors se rendre plus accessible. Une fois cette étape franchie, la performance du comédien pourrait se voir dénuée de toute importance puisqu’il serait possible de la recréer à l’identique selon l’attente du réalisateur.

Le temps qu’une telle technologie se mette en place, l’utilisation de la motion capture pourrait évoluer et permettre aux productions d’intégrer plus aisément et rapidement des acteurs numériques. Il suffirait alors de recueillir la performance d’un acteur pour le réinterpréter à l’écran sans besoin de l’étape du tournage. Dans une telle configuration, le métier de comédien pourrait perdre son effet de starification avant de disparaître complètement.


Le bon côté de l’acteur numérique est entre autres sont avantage économique. En effet il permet au producteur d’éviter le coût des acteurs mais plus pour les professionnels en montage audio-visuel de la réalité virtuelle. Lorsqu’ils acquièrent une certaine notoriété, les acteurs peuvent demander un cachet conséquent et le budget versé aux comédiens peut atteindre des sommets. En France, de nombreux cas ont été mis sur le devant de la scène afin de freiner certaines sommes jugées exorbitantes pour la rémunération offerte aux acteurs. Ces dernières représentaient pas moins de 50 % du montant total pour créer un film. Les États-Unis et d’autres pays connaissent également ce genre de polémique.

Certains acteurs sentent le vent tourner alors, depuis quelques années, une nouvelle tendance se dessine aux États-Unis : les acteurs créent leur double en 3D afin de pouvoir céder leur image plus facilement dans plusieurs films. Bien qu’il n’existe aucune règle juridique sur ces doublures, des spécialistes sont missionnés pour négocier les possibilités de leur utilisation. Le double numérique peut aussi remplacer l’acteur original lorsque celui-ci est indisponible/inapte à jouer.

« Plus de cinémas, plus d’acteurs. Mais si plus de numérique moins d’acteurs… »
Voir aussi la question « Le cinéma, plus l’argent des producteurs ou toujours la passion des acteurs ? »  Ou encore « L’intention de l’industrie est-elle bienveillante ou est-ce une énième stratégie permettant d’attirer un peu plus de spectateurs dans les salles à partir de mythes ? »

Quant aux seconds rôles, dont on ne connait au départ que le visage et dont certains grimpent les échelons jusqu’au premier rôle, le réalisateur pourrait vite se poser la question de l’usage du numérique pour les remplacer au profit d’acteurs fictifs. Sachant que l’acteur numérique est réutilisable à l’infini, les visages deviennent immortels. Et en s’appuyant sur une économie d’échelle, cela permettrait de baisser drastiquement les coûts de conception d’un film.

La même réflexion peut être adoptée concernant les plus petites productions qui ne peuvent se payer le luxe de grands acteurs. Trouver la perle rare correspondant à leur budget ne serait plus un stress quotidien. Cela offre tout de même une nouvelle interrogation. Si ces différents rôles sont le premier point d’entrée des acteurs numériques et fictifs, comment les prochains acteurs pourraient-ils encore subsister et réussir ? A cela, certains répondraient « la génération d’acteur qui arrive pourrait bien être la dernière. » Pour l’instant, une des principales raisons qui pousse le cinéma à utiliser des doublures 3D concerne les acteurs disparus.


Mais cette pratique est-elle saine ? Il est vrai qu’elle permet au cinéma de rendre hommage aux différents acteurs décédés, de les rendre éternels ou encore de surfer sur la nostalgie des fans, mais est-ce légitime et respectueux de les utiliser de cette façon ? Robin Williams, décédé en Août 2014, avait visiblement réfléchi longuement sur la question. En effet, son testament comprenait une clause stipulant clairement une interdiction sur l’exploitation de son image numérique jusqu’en 2039. Loin d’être un cas isolé, ce phénomène démontre une prise de conscience forte de la part des différents acteurs quant à l’utilisation de leur droit à l’image après leur mort.

Sources et droit d'auteurs par ce que tout n'a pas été modifié...   :